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Bulletin de la SELF – 2015

Bulletin de la SELF – 2015

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Interview

Bulletin de la SELF – 2015

Q. Comment es-tu venu à l’ergonomie ?

J’ai commencé ma carrière en tant qu’animateur de classe découverte pendant 10 ans. Je suis venu assez tard en ergonomie par l’intermédiaire de la conversion professionnelle. A l’époque, je faisais également des formations BAFA et BAFD et des formations au ski pour l’UFOLEP (Fédération d’Education Populaire).
J’avais envie de faire de la formation pour adulte et changer de métier. Lors d’une formation au ski, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a parlé des cercles de progrès, des cercles de qualité et j’ai trouvé cela génial.
J’ai commencé une formation qui amenait à un diplôme universitaire d’études en pratiques sociales (DUEPS), avec des militants, dont certains n’avaient pas le bac, qui se posaient des questions dans les sphères sociale, médicale, professionnelle.
Ce DUEPS était un système de maïeutique (apprendre à réapprendre) pour faire accoucher d’une question que chacun se posait, avec des apports méthodologiques en provenance de la recherche en sciences humaines et sociales. C’était très collectif, très coopératif et animé par un sociologue, René Pascal. J’ai rencontré des syndicalistes et lorsque je leur ai dit que j’étais intéressé par les cercles de progrès, ils m’en ont montré la face cachée.

De fil en aiguille, ces mêmes syndicalistes m’ont dit « Toi, ce qui t’intéresserait, c’est l’ergonomie ».
Le DUEPS était assuré par l’IPST à Toulouse qui est depuis devenu le CNAM. A l’époque, il y avait également à l’IPST, une autre formation le DIECT (Diplôme Inter Universitaire d’ergonomie et d’études des Conditions de Travail) sur deux ans. En 1991, je me suis inscrit au DIECT sur un CIF (congé individuel de formation) pour faire la première année et pour faire la seconde année, j’ai démissionné de mon travail d’animateur.


C’est au DIECT que j’ai rencontré tout l’aréopage universitaire et professionnel toulousain en ergonomie. Les personnes qui m’ont le plus influencé, ce sont Jacques Christol, Jacques Curie, Bernard Michez, Yvon Queinec, Gilbert de Terssac, Bernard Mélier – je peux même dire que je suis un disciple de Bernard Mélier car j’ai continué dans la voie qu’il a amplement entamée et qu’il poursuit -, ainsi que Pierre Richard qui avait été mon tuteur de stage au DUEPS.
Je suis entré au RESACT ce qui m’a permis de rencontrer les ergonomes toulousains mais aussi d’autres personnes qui s’intéressaient au travail, des médecins du travail, des DRH …
J’ai aussi été pas mal influencé, en tant qu’ergonome, par François Daniellou et François Hubault.
Ce sont mes influences les plus importantes, mais également avec des professionnels dans et hors de l’ergonomie stricto sensu car je pense qu’il faut s’ouvrir à d’autres champs.


En 93, je passe le DUEPS et le DIECT et je veux devenir consultant. Ce n’est pas évident, car je n’ai aucun client. Des collègues me disent « Si tu n’es pas installé, on ne peut pas te faire travailler » et de mon coté, je me dis « Si je n’ai pas de travail, je ne peux pas m’installer ».
J’ai fait une première intervention plutôt institutionnelle avec René Pascal, le sociologue du DIECT, pour le CE du CNES. Ensuite, j’ai vendu une formation en ergonomie pour des chargés de mission auprès d’un collègue qui était le directeur du GRETA de Nord-Isère (groupement d’établissements publics d’enseignement). C’était important pour moi car j’ai été obligé de revoir tous mes cours, lire des ouvrages et les synthétiser, créer des supports pédagogiques; en fait, cela m’a permis de conforter mes connaissances.


Je suis parti en Angleterre pour suivre ma femme qui faisait un post-doc. En 1996, je suis revenu à Toulouse et je me suis installé en profession libérale. En termes de structuration du métier de consultant en ergonomie, notamment avec des collègues du réseau du RESACT, nous avons créé le syndicat des cabinets conseil en ergonomie. J’ai été l’un des fondateurs du syndicat, cela crée des liens et du réseau professionnel ; dans ce réseau, il y avait des jeunes comme moi, notamment Marc Barret-Castan et Jean-Charles Dodeman, qui créaient leur cabinet et on se réunissait pour voir comment on pouvait réussir à se développer car on avait les mêmes problèmes de chiffres d’affaire de débutants.